Laisser la rage grandir sous la pluie

Sujet: Laisser la rage grandir sous la pluie Dim 28 Nov 2010 - 22:11

Wann komm die Flut

La Bretagne. Pluie. Fines gouttelettes sur le visage de l'Ange. Il regarde la mer, les yeux froids. Ce village, c'est peut-être celui où se trouve le QG de Croix. Peut-être. Et le jeune homme est déterminé à le savoir. Peu importe la manière, on ne le prendra pas pour un abruti. Il aura sa vengeance. Sa vengeance contre Croix, sa vengeance contre la v ie. Car il n'est pas heureux, non il n'est pas heureux. En ce moment, le mot bonheur est totalement étranger à son vocabulaire. Il souffle bruyamment, fait volte face et rejoint le petit bourg d'à peine mille habitants les mains dans les poches, la veste en cuir ruisselante, et les yeux toujours aussi vides.

Il se dirige vers le bistrot. Ici règne un joyeux tapage. Jeunes couples ayant décidé de s'offrir un petit verre pour fêter l'approche de Noël, un bébé à venir, ou encore une union. Grands parents offrant un chocolat chaud à leurs petits enfants. Ados se retrouvant pour bavasser. Autant d'images du bonheur qu'Ange a quitté. Il ne les regarde pas ni avec le coeur ni avec les yeux, et marche droit vers le bar. Il n'a pas besoin de parler pour interpeller le jeune barman, qui intimidé par la prestance effrayante du jeune homme pourtant plus jeune que lui.

-V...Vous désirez ?

-Si je vous dit Cross, ou Croix, ça vous parle ?

-Euh...Je vais appeller le patron...

Ange soupire. Le patron, un homme de forte carrure, élevé dans les odeurs de kouign aman, de sel, et taillé par les vents marins, ce mouflet qui se prend pour un loubard mystérieux ne lui fait pas peur.

-'Désirez ?

-Savoir si le QG de Croix se trouve ici.

-Le QG de Croix ? Désolé, mon p'tit, mais on est pas dans James Bond ici.

L'adolescent siffla de dépit. Il s'appuya sur le comptoir et plongea son regard dans celui du breton. S'il cherchait à lui cacher quelque chose, il ne le ferait pas longtemps. Il se foutait de crier le Secret sur tous les toites actellement. Il ne désirait qu'une chose : avoir l'info qu'il était venu chercher. Coute que coute.

-Vraiment ?

Son ton était plus que dur. Il ne plaisantait pas. iIl s'assurerait le mieux possible que cet humain ne mentait pas. Et merde, voila qu'il se mettait à parler comme un sorcier noir.

La france
et les français.

-" Savoir si le QG de Croix se trouve ici."

-" Cela ne sert à rien Ange. Et même s'il savait, le dirait-il? Non. Ils ne sont pas là."

In ein anderes grosses Leben, irgendwo...

Une voix. Une voix familière. Une voix qui appelle la rage. Ange pivota. Mr Taylor ! Il serra les dents. Alors comme ça, le Mystery l'avait retrouvé ? Il ne laisserait pas les choses se passer ainsi. Le jeune homme, furibond, s'avança vers son ex-prof de viet, n'écoutant que sa fierté blessée et sa fougue habituelle, attrappa la chemise de l'homme qui pouvait le mettre à terre sans aucune hésitation et vociféra avec rage :

-Alors où ? Où est-il Monsieur Taylor ?

Il le lacha violemment, sans regarder les clients du bar qui s'étaient tous arrêtés dans leurs joyeuses conversations pour observer l'altercation plus qu'inhabituelle entre l'adolescent et le nouvel arrivant dans le bar. La plupart étaient effrayés, mais d'autres se disaient que pour une fois, il allait se passer quelque chose.
Ange était, pour sa part, sacrément remonté contre le prof. Le visage crispé par la haine, il serrait tellement les poings que ses jointures en étaient devenues blanches.

-C'est Mystery qui vous envoie ? Cracha-t-il à la figure de l'homme en lui lançant un regard provocateur. Ou est-ce que vous êtes juste venu ici pour me mettre des batons dans les roues ?

Il n'aurait jamais manqué de respect à Jonathan auparavant. Il l'avait toujours admiré, avait toujours suivi ses conseils à la lettre...Il avait choisi le viet pour être avec Luka, et il avait tout de suite adoré cette matière. Cet art martial était passionnant et Mr Taylor savait le rendre vivant. Il était passionné et ça se voyait. Mais à présent, Ange ne parvenait plus à le voir comme ce modèle si sage et si respectable. Il ne le voyait que comme un obstacle, un ennemi à abattre, encore un adulte qui ne comprenait rien à rien.

Sujet: Re: Laisser la rage grandir sous la pluie Jeu 27 Jan 2011 - 18:56

La fierté des hommes,
et celle d'un enfant.

-" Alors où ? Où est-il Monsieur Taylor."

-" C'est Mystery qui vous envoie ?,Ou est-ce que vous êtes juste venu ici pour me mettre des bâtons dans les roues ?

- Que ce soit l'un ou l'autre, ou même autre chose, quesque cela changerait pour toi ? Tu es obnubilé par ta rage, par ta vérité."

Don't wanna run on your command

La main de son ancien professeur fut comme une douloureuse brulure de souvenirs. Ange la rejeta en lui lançant un regard assassin. Ces paroles laconiques, fatalistes...Mr Taylor croyait tout savoir, mais il ne comprenait pas. Il ne savait pas tout ce qui se jouait en le jeune homme que devenait Ange. Celui-ci lança un coup de pied latéral dans le ventre du maitre, qui ne valsa pas, mais recula, renversant une table au passage. Ange avait frappé Mr Taylor. Il ne l'avait jamais fait dans le but de le blesser, auparavant. Mais aujourd'hui, c'était différent. Tout était différent. Maintenant ce qui importait, c'était de savoir où se trouvait le QG de Croix. En France, d'accord, en Bretagne, d'accord, mais où, bordel ?

Ange se rapprocha de son ancien professeur, en position de domination, ou, tout du moins d'égal à égal. Il ne voulait plus être un enfant, traité en infiérieur. Il était un jeune homme, avançé dans une quête que lui seul pouvait comprendre, et sur laquelle il ne tolérerait aucun obstacle. Alors, si ses anciens protecteurs voulaient le retenir, il les ferait lacher prise, coute que coute. Il était terriblement enragé. Il en voulait à Jonathan qui n'avait d'ailleurs pas répondu à sa question.

-Où est-il ? vociféra le jeune homme. Votre saloperie d'amour paternel factice pour Luka ne m'empêchera pas de la retrouver. Personne ne pourra se mettre en travers de mon chemin. Je refuse.

Tout le café s'était retourné sur Ange. Plus personne ne parlait. Pas même le patron, qui essayait de comprendre ce que diable pouvaient se raconter ces deux hurluberlus en anglais incompréhensible, puisqu'Ecossais. Le solitaire se foutait que tout le monde le regarde. Il se foutait de ravager la tranquilité de ces gens pour quelques instants. Son coeur et son bonheur avait été ravagé par une seule personne, et il la retrouverait. Ils n'avaient qu'à aller se faire voir. Bientôt il serait reparti sur son chemin. Et il trouverait.

Je ne te veux aucun mal.
Crois moi !

...

Crois moi...

-" Où est-il ? Votre saloperie d'amour paternel factice pour Luka ne m'empêchera pas de la retrouver. Personne ne pourra se mettre en travers de mon chemin. Je refuse."

-" Comment oses-tu ?"

-" Je ne sais pas où il se trouve..."

In your head, in your head, they are fightin' !

Oui, il avait osé. Ange avait osé blesser moralement Jonathan. Mais alors ? Ne l'avait-il pas blessé lui aussi ? En le traitant comme un enfant ? En osant croire que la disparition de Luka le blessait autant que lui ? Actuellement, le jeune homme se sentait bafoué, comme si son ancien professeur avait l'intention de lui retirer le droit et le devoir tellement légitime qu'il avait de chercher et trouver Luka. Ange avait tort de se croire le seul à souffrir, mais ne le reconnaitrait pas. Depuis la lettre, il avait été frappé par un égoïsme certain, comme pour contrebalancer celui qu'avait eu Luka en le laissant ainsi, avec ce misérable bout de papier...Elle s'était crue intelligente, peut-être ? Avec ce mot d'enfant débile, qui avait consummé son coeur et son âme, maintenant, il n'était plus grand chose à part ce gosse qui battait la campagne, pour retrouver la moitié de son corps, sa soeur d'élection.
Il y avait d'abord eu Nérys, puis Ichiru, puis Nathaniel, Bastet et maintenant lui. Tous s'opposaient à son projet insensé. Mais personne n'avait pu le retenir. Bien qu'il ait pu retirer quelque chose de chacune de ces rencontres.

L'ignorance du professeur le fit grogner. Alors comme ça, il ne savait pas ? Soit il lui mentait, soit il n'était d'aucune utilité. Ange sortit en claquant la porte du bar, sachant pertinemment que Jonathan le rejoindrait. La neige commençait à tomber, par petits flocons, tombant sur son nez fin. Ange reprit son souffle. Il se mordit la lèvre inférieure et un goût de sang emplit sa bouche. Il cracha au sol, tachant la fine couche blanche d'une petite flaque rouge, et pressa les poings dans les poches de son jean. Il releva le regard vers la porte vitrée du café, et attendit. L'exorciste ne devrait pas tarder à sortir à son tour, l'altercation n'était pas terminée. Ange devait savoir si les paroles proférées étaient ou non un mensonge, et Jonathan ne le laisserai pas filer ainsi. Toutefois, il aurait intérêt à faire attention à ses paroles, car l'adolescent sentait grandir en lui l'envie de lui enfoncer son poing dans la machoire pour le faire taire, lui et ses paroles sages. Et partir, oui partir au loin, dans sa quête, en étant sourd. Oui, sourd. Et aveugle sauf pour ce qui le mènerait à son but.

Laisser la rage grandir...
Et pas qu'un peu ?

-" Ca y est tu as finis ? Tu veux encore me pousser à bout ? Tu veux que je me mette en colère et quoi ? Ca te serviras à quoi de te mettre tout le monde à dos ? De hurler que tu cherches Luka, que tu cherches Croix ? TU VEUX MOURIR ANGE ? Si c'est ça, c'est bien plus facile de me le dire, et j'exaucerais ta prière ! Tu ne réfléchis pas, tu fonces, comme Luka fonçait. Mais lui ressembler, laisser ta rage à l'intérieur, comme elle le faisait, ça ne sert à rien, ça ne lui a servit à rien. Fais ce que tu veux, Ange, personne ne t'en empêchera, personne ne le pourra, et moi encore moins, mais fais le bien ! N'oublie jamais qui tu es et ne deviens pas ce que tu n'avais jamais voulu être. Même si c'est pour Luka. Même si c'est pour elle..."

I'm just a kid and the life is a nightmare

Ange était essoufflé. Il n'avait pas faot de grand effort physique mais son coeur battait démesurément vite. Jonathan sortit du bar. Ange le considéra. Il le regarda. Il commença à lui gueuler dessus, gueuler son inconscience, toute sa sagesse écoeurante d'adulte. Il serra les poings. Pas excessivement, il serrait juste comme quelqu'un qui allait frapper. Frapper de colère, de dégout, de fierté. Non il ne voulait pas mourir. Non il n'allait pas mourir. Il était jeune, courageux, et sans aucune peur. Il vaincrais les océans, les montagnes et le soleil. Il était Ange. ANGE ! Pas n'importe quel ange. Ange avec une majuscule. Ange de Luka. Ange Hannelore Rejes. Il était sorcier et il croyait en lui. Peu importe ces barrières, ces restrictions. Non, il refusait, oui il était stupide.

Jonathan avait fini sa tirade, la colère d'Ange avait atteint son paroxysme. Il avait fini alors il pouvait commencer. Avec toute la force dont il était capable, il lança son poing dans la mâchoire du professeur de Vovinam Viet Vo Dao et hurla comme un forcené :

- NON JE NE VAIS PAS MOURIR !

Il recula, prêt à recevoir un coup. Peut-être lui serait-il bénéfique de se battre contre ce maitre, supérieur tant d'années, modèle, père, frère, protecteur, juge. Tant de choses dans Mr Taylor. Tant de haine et tant d'amour. Tout n'était pas fini, il reviendrait vivant vers lui, mais aujourd'hui, il se devait de lui cracher au visage. Oui, Luka n'était pas un modèle, mais il se réservait le droit exclusif de la critiquer, de la chercher. Personne ne souffrait autant que lui, personne d'autre n'avait reçu la lettre méchante acide et désespérée. Il avait besoin de se forger maintenant, plus durement que jamais, pour être lui, et pour rendre son identité à sa soeur jumelle d'élection. C'était une quête incompréhensible pour quiconque n'était pas lui. Mais ils verraient, lorsqu'il reviendrait, lorsque tout cela serait fini. Qu'ils aillent régler leurs tensions avec les sorciers noirs pour s'occupper pendant ce temps ! Lorsqu'ils reviendraient, tout serait beau.

You're just a kid
Yes, I know...

Ange n'écoute pas, Ange ne veut pas. Je suis face à un mur. Un mur de haine et de violence. Ange. Une larme coule sur ma joue. Je ne suis pas fait pour lui gueuler dessus, je ne suis pas fait pour recevoir ses insultes. Je me ferme, me ferme à cette souffrance. Je suis trop faible, Ange, pardonne moi. Je me reçois son coup en plein mâchoire. Et par cette violence je tombe à terre, les fesses sur le sol. Je sens la neige humide. Je sens la douleur parcourir mon visage et le sang couler en dehors de ma bouche. Je sens la rage d'Ange, et pour une fois, j'ai peur. Peur que vraiment il ne se perde dans sa quête, mais ce n'est pas à moi de juger. Je ne devrais pas. Je me relève alors qu'il me hurle dessus. Crier qu'on vivra ne nous fera pas vivre plus. Et il le sais. Et je le sais.

-" Arrête Ange. Arrête."

Je me ruais sur lui, le bloquais contre le mur du bar. Un poing dans le ventre, deux et trois, un dans la tête, et je le repousse durement contre ce mur. J'entends l'impact de mes coups sur son corps, sur le mur. Je le met à terre et lui assène un coup de pied dans les côtes. Il est a terre, devant moi. A terre parce que je l'ai frappé, comme on frappe un ennemis. Je le retourne du pied pour le mettre dos à terre. Je le regarde, le regarde à mes pieds. Ange est fort, mais il est devant moi, sur le sol.

-" Retrouve Luka. Fais ce que tu veux, comme tu le veux, ne laisse personne se mettre en travers de ton chemin, oublie qui tu es si tu le veux, mais reviens nous. Quoi qu'il arrive, reviens nous."

Je ne le relève pas.

-" Sois fort, droit et fier. Main de fer sur un coeur de bonté. Toujours. Être fort pour être utile. Ne soit pas comme Icare. Ne laisse pas le soleil, aussi froid te semble-t-il, te briser les ailes."

Je le regarde une dernière fois. Je me détourne. Se relèvera-t-il pour me poursuivre ? Et quoi ? Qu'il le fasse, ça n'a plus d'importance. Ce n'est pas Ange que je laisse derrière moi. Ange reviendra, mais pour l'instant ce n'est pas lui.

Anyway the wind blows...

Une tempête de violence, une rafale de coups. Juste après les paroles exaspérées de Jonathan. Non il n'arrêterai pas. Rien ne le ferai s'arrêter. Les muscles d'acier du professeur de vovinam le plaquèrent au mur. Un poing, deux poings, trois poings. Dans le ventre, plus de souffle. Ange avait l'impression qu'il allait mourir, il manquait désespérément d'air, et essayait de happer quelque chose, comme un poisson hors de l'eau.
Un autre poing vint heurter son visage. Sous le coups de ses dents, sa lèvre inférieure s'ouvrit totalement, du sang coula de sa bouche.

Sonné, il s'écroula. Un pied douloureux se nichea entre ses côtes, il se recroquevilla, attendant que la douleur se fasse plus supportable. Ses oreilles, qui lui avaient semblé brouillées pendant tout le temps du combat, lui laissèrent entendre plus clairement le sermon de Mr Taylor.
Il n'avait pas besoin qu'il lui donne son accord pour trouver Luka et en être sur. D'un vigoureux coup de reins qui le fit grimacer, Ange se releva, essuya rapidement le sang qui maculait son visage pâle et regarda l'homme avec une lueur de défi dans ses yeux bruns.

-Vous pourrez toujours parler aussi bien, dire des phrases philosophiques sans aucun sens, ça ne changera rien. Moi j'agis. Il est temps que vous vous rappeliez ce qu'est un exorciste d'Orpheo !

Ange était debout, et Jonathan lui tournait le dos. Il le regardait avec colère. Où allait-il maintenant ? Etais-ce un piège ? Allait-il retrouver d'autres professeurs afin de le ramener à l'orphelinat, de l'empêcher de bouger ? Ange serait majeur dans quelques jours à peine. Et il n'avait commis aucun crime. Personne n'avait plus de raison de l'enfermer. Il était libre et on ne pouvait le retenir par les sentiments. Car ses sentiments étaient partis. C'était eux qu'il était parti retrouver.

Même si le chêne est géant,
Il fendra dans l'ouragan.

Ange me hurle dessus, comme un homme fier, sûr et certain qu'il est de sa vision du monde. Et moi je reste seul face à lui. J'ai beau essayer de les sécher, mes larmes coulent toujours. Je me retournais pour le regarder droit dans les yeux. Vas-y Ange, regarde ce que je suis, contemple ma faiblesse, et ma souffrance. J'ai des beaux discours et de grandes paroles, mais rien de plus. Après tout je suis professeur, pas exorciste comme il dit. Je ferais tout pour Orpheo si je le pouvais. Mais je préfère nettement enseigner calmement mon savoir. Oui je sais me battre, oui j'ai tuer, et oui je peux être cet exorciste qu'hurle Ange, mais je suis avant tout professeur, et pacifiste. C'est moi qui ne comprend pas ce qu'il me dit, qui ne comprend pas pourquoi il me le dit. Ses messages ne passent pas.

-" Que veux-tu ? Pas ma bénédiction apparemment, pas ma pitié ni..."

Je me stoppais. Je ne savais pas quoi dire. Je ne suis pas un soldat dans l'âme. Un guerrier s'il le faut, mais c'est tout. Je pratique le combat pour sa philosophie et le fait que ce soit un sport, rien de plus. Alors cela fait-il de moi une loque ? Pas ma pitié, ni mon amour... Non il ne veut rien de moi, alors pourquoi me retient-il ainsi ? Oh Ange, si tu n'as rien à me dire de plus, laisse moi partir et pleurer en paix.

-"... ni mon amour. Je ne suis pas cet exorciste, je ne suis pas un héros."

Les larmes se sont tarie. Je n'ai que trop pleuré Luka partie, que trop pleuré Ange à sa recherche, et pleuré tous les malheurs des orphelins. Sensible ? Beaucoup. Je pleure souvent, le soir, dans mon lit, quelques larmes sur mon oreiller rien de plus. J'étais à bout. Il m'y avait poussé, dans mes derniers retranchements. Et sa colère profonde me faisait bien plus de mal qu'elle attisait la mienne.

-" QUE VEUX-TU DE MOI ?"

J'étais prêt à tout lui offrir. Mon aide, mon amour (paternel entendons nous bien), ma vie...

Sujet: Re: Laisser la rage grandir sous la pluie Dim 1 Jan 2012 - 21:58

We don't need your education...

Il pleurait. Et Ange était sur qu'il ne confondait pas avec la pluie. Il avait un rire nerveux au fond de la gorge, qui avait envie d'éclater. Il pleurait. Il ne pouvait y croire. Jonathan Taylor, professeur de Vovinam Viet Vo Dao. Son regard pour lui changeait. Pas autant qu'il l'aurait voulu. Il ne pouvait ressentir un total rejet envers lui. Il savait quel homme il était. Il avait de grandes connaissances en runes et en art martiaux. Il avait des valeurs. Mais Ange ne cherchait pas un père. Il ne voulait plus de cette reconnaissance déférente qu'il avait toujours ressenti pour le personnel du Mystery Orphanage. Quand allaient-ils comprendre qu'il n'y avait que lui et Luka ? Les autres ne comptaient pas. Ils courraient autour sans comprendre, sans être véritablement utiles.

Cela se voyait rien qu'à Jonathan qui parlait tout seul. Il se leurrait. Ange ne demandait rien. Pour l'instant, la pluie coulait glacée dans son dos et sur ses joues, et il n'aspirait plus qu'à rentrer à sa chambre d'hôtel, à prendre une douche et à dormir. Et demain, il passerait au peigne fin un autre village de Bretagne. Seul. C'était son chemin, son devoir. La tache qu'il s'était assigné. Et tant pis s'il passait pour un fou, un inconscient ou un gamin immature. Il voulait faire ce que peu de gens arrivent à faire au cours de leur existence. Rester fidèle à ce qu'on se promet lorsqu'on a quatre, six, sept ans...Et dont, dès l'adolescence, on rit en fumant sa première cigarette, en se disant que maintenant, un se fiche bien de tout ça. On a compris que le père Noël n'existe pas.
Et c'est ce qu'Ange défie. C'est le petit garçon aux grands yeux bruns et rieurs qui hurle pour que le corps du jeune adulte aille récupérer sa moitié, sa jumelle. Bientôt on sera le quinze décembre. Bientôt ce sera leur anniversaire. Et le passer sans elle, pour la première fois, ça donne envie au petit garçon de se déchirer le cœur. Mais ça personne ne le voit. Non ils ne voient qu'un ado aveuglé par la rage. En fait ils s'en foutent. Le cri de Jonathan lui déchire les oreilles. Cela l'irrite au plus haut point. Ange est las, qu'on en finisse. Il repousse le rire qui veut sortir de là où il est, et dit froidement en fixant le professeur avec une détermination farouche et insensible.

-Rien. Je ne veux rien de vous. Ni de personne. Je veux que vous viriez. Vous vous croyez tellement important.

Il connait le sens de ses paroles. Il sait qu'elles blessent. Mais il faut le faire fuir. Il faut qu'il le laisse. Il faut qu'il s'en aille. Ange n'a pas besoin de ça. Il a la rage et la détermination. Et c'est tout. Qui a dit qu'il avait besoin d'autre chose ? Il n'a plus la force de le frapper, maintenant. Même si ce n'est pas l'envie qui lui manque. Quoique. S'il pouvait repartir, seul, dans sa direction, celle qu'il a choisi, ce serait déjà idéal.

Sujet: Re: Laisser la rage grandir sous la pluie Dim 1 Jan 2012 - 23:00

Le monde est fatigué de la haine.

Son regard... Son regard est affreux. J'ai presque envie de me boucher les oreilles, pour ne pas entendre ce qu'il va dire. Tais toi ! Tais toi ! Je le regarde, bouche ouverte, yeux exorbités, visage choqué. Mon coeur me fait atrocement mal. Il bat avec force dans ma poitrine, comme s'il protestait. Protestait contre qui, contre quoi ? Je ne sais pas... Je me prépare à ce qu'il va dire. Mais aurais-je pu me préparer à ça ?

-" Rien. Je ne veux rien de vous. Ni de personne. Je veux que vous viriez. Vous vous croyez tellement important."

Il n'y a pas que de la froideur dans sa voix, il y a aussi de la cruauté. Une cruauté que je n'aurais pas pu soupçonné de sa part. Contemple ta médiocrité Jonathan, vois ta stupidité. Je regarde le jeune homme, estomaqué. Je le vois dans son regard, il a voulu être blessant. Il a voulu me faire mal. Ange n'aurait pas fait cela. Ange ne m'aurait pas blessé au contraire. Et je comprend. Ce n'est pas toujours facile de comprendre. Ca fait mal. Ca fait si mal. Dans le coeur, dans les os, dans le sang, partout. Ca fait terriblement mal de comprendre parfois. Un rire tord ma gorge. Il est petit, minuscule, insignifiant. Et je me met à rire presque comme un fou. C'est un rire que je n'ai jamais eu. Pas moqueur, pas méchant. Et pourtant...

Je m'arrête tout de suite de rire. Je le regarde. Le visage fermé, les yeux durs. On pourrait presque dire que je m'apprête à faire quelque chose de pas bien. Mon regard n'est plus dur, il devient pire. Il devient tout ce que je peux donner dedans. Féroce, haineux, colérique... Tout ce que j'avais l'habitude de ne pas être. Je me mords la lèvre et je souris. Encore ce rire qui veut me prendre la gorge. Mais assez rigolé. Il s'est assez amusé maintenant. Je m'approche de lui à grand pas, la rage au coeur et au corps. Je le regarde, de haut en bas. Un autre sourire tord mes lèvres. Je me détourne avec un haussement d'épaule. Et d'un coup je lui envoie mon poing dans la mâchoire avec toute la violence dont je suis capable. Avec plus de violence que jamais... Aie ! J'ai mal à la main. Je l'agite. Il est tombé par terre. Je crois que je me suis vraiment fais mal. Je le regarde avec froideur.

-" Tu n'es pas Ange. "

Je le relève, le tiens par le col et le relâche. Je rigole encore. Et après un regard d'indifférence, je m'en vais. Ce n'est pas Ange. Tout ce que j'ai pu dire pour l'aider aujourd'hui ne servira à rien. Ce n'est pas lui. C'est un parfait inconnu. J'ai frapper un parfait inconnu et ça m'a foutrement fait du bien. Je me téléporte, sans me retourner.

Sujet: Re: Laisser la rage grandir sous la pluie Lun 2 Jan 2012 - 12:55

Feels like I'm falling, loosing my way

Et maintenant il rit. Ange est indifférent. S'il pouvait partir, maintenant, que tout soit fini, ça l'arrangerait. Mais cet amour de Jon qu'il ne veut pas voir est blessé, vexé. Son poing arrive dans sa mâchoire. Ange ne riposte pas, et glisse sur le bitume détrempé. Le choc est brutal, le jeune homme a un haut le corps. Mais il ne bouge pas, laisse sa peau s’endolorir sur l'asphalte. Peut-être même qu'il saigne sous son blouson en cuir, au niveau des coudes. Il pense de plus en plus à une douche et aux draps frais et blancs de sa chambre d’hôtel. Il a les yeux dans le vague, le regard rivé en face de lui, au niveau des genoux de Mr Taylor.

Sa voix le sort de sa torpeur. Il n'est pas Ange. Tant mieux. S'il doit faire quelque chose de mal, ce ne sera pas de sa faute. Ce sera la faute de l'autre. Il ne sait même pas qui c'est. Mais si Jonathan dit qu'il n'est pas Ange, il le croit. Pourtant, il ne s'est jamais autant senti lui même. Il se sent fidèle à sa propre image. Même s'il est plein de colère et de rage. Ce n'est que lui même qui crie pour que son âme lui revienne en entier. Si seulement ils voulaient bien se donner la peine de comprendre au lieu de se noyer dans leurs considérations d'adultes. Mais non, ils sont trop fiers, ils veulent se persuader qu'ils ont un rôle à jouer là dedans. Ange soupire. Jon l'attrape par le col. Ses pieds ne touchent même pas le sol. Il rit de nouveau, et le relâche. Il le regarde quelques instants. Le garçon est vide, il n'a même plus la force de soutenir proprement son regard. Il sait qu'il va bientôt être laissé pour compte. Enfin. Il est retombé douloureusement sur le dos, grimace légèrement. Jonathan disparait. Enfin. Ange pousse un soupir de soulagement, il se relève en tremblant. Il passe une main dans ses cheveux et se frotte la mâchoire. Il a un goût de sang dans la bouche. Il fit volte face, et s'éloigne, marchant lentement, sous la pluie. De retour, enfin. Il est secoué de quelques tremblements, éternue. Il a froid et sommeil. Putain.