Retrouvaille en famille | Luka & Dorian

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Luka & Dorian
« On se rend compte
de ce que l'on peut perdre
et de ce qu'on a perdu
qu'en situation de crise. ».

Une nuit. Pendant la nuit entière je suis restée éveillée, la peur au ventre, regardant, observant de loin. Je ne pouvais rien faire et me jeter dans la mêlée ne ferait qu'aggraver les choses : je ne sauverais personne, je mourrais inutilement. Alors c'est l'horreur dans l'âme que j'ai serré les dents et attendu que le jour se lève. Là, dans le domaine de Landcastle, en plein milieu de la forêt, l'aube venue, je m'étais autorisée un petit somme, quelques heures à peine pour reprendre des forces, et je les avais à nouveau observé, toute la journée. Je prenais ma forme d'aigle et je survolais le Mystery Orphanage et le village. Tous les sorciers noirs avaient parqués leurs prisonniers. Les mêlés qu'ils avaient trouvé, ils les avaient tous tués, tous. Homme, femme, enfant, bébé, sans distinction. Pour ce faire, lorsqu'ils n'étaient pas sûr, ils avaient demandé à Pandora. De loin je ne pourrais être sûre mais elle ne disait rien vu la façon dont ils semblaient la violenter. Mais il y avait les registres du Mystery Orphanage et puis les bons lecteurs de pensées et les détecteurs pouvaient déterminer à coup sûr s'ils s'agissaient d'un mêlé ou non.

Vers midi un grand feu a brûlé. Ils y ont jeté sans ménagement les cadavres des humains et des mêlés qu'ils avaient tué. Les sorciers, eux, avaient le droit à un traitement spécial : ceux provenant du village et du Mystery Orphanage furent enterré sur place, les sorciers noirs tombés seraient retourné à leur famille. Je contemplais ce spectacle, le coeur froid et dur. Pour l'instant, les larmes se contenaient à l'intérieur de mon corps. Ce n'était pas le moment de pleurer. Ils avaient repéré la maison sur la Falaise et y avait fait une descente quelques heures plus tôt. Je n'y étais pas. Quand ils sont revenus le dire à Dorian, je l'ai vu, devant l'orphelinat, il a défoncé le visage de celui qui lui annonçait cela. Il fallait me retrouver. Après tout, s'il avait envahis le Mystery, c'était d'abord pour montrer à Orpheo qu'il était prêt à tout, mais ensuite, si ça lui permettait de me mettre la main dessus...

Je n'avais pas de nouvelle de la plupart de mes camarades. Il m'a semblé voir Louis, enragé, tenu par des sorciers noirs. Mais je ne m'inquiétais pas, en sa qualité de Jorgensen, il serait gardé vivant et on essayerait d'en faire un bon sorcier noir. Après tout, sa famille appartenait en partie à Croix et en partie à Rosenrot, deux branches jamais vraiment d'accord. Il leur serait envoyé sans doute. Il trouverait un moyen de s'enfuir. Je me faisais plus de soucis pour les tout petits. Les sorciers noirs n'étaient pas des tendres j'étais parfaitement placée pour le savoir. Je revins là où j'avais laissé mes affaires, fouillais dans mon sac et y attrapais une barre chocolaté que je descendis rapidement. Il fallait que je le fasse... Inspirant un grand coup, je regardai le SMS qu'il m'avait envoyé quelques jours plus tôt. Je répondis, lui envoyant la position géographique d'une petite clairière, lui disant que je l'y attendrais. La fierté de Dorian ne lui permettrait pas devenir accompagné, du moins c'était ce que j'espérais.

Sachant qu'il ne tarderait pas non plus, je me mis en route pour cette fameuse clairière. Une fois arrivée, j'y posais mon sac et vérifiais mon armement. Poignard et sabre était aiguisé. Mon gillet pare balle mis en place sous mon t-shirt me protégeais à peine mais il valait mieux ça que rien. Je sortis mon desert eagles de son holster. Avec celui dans le flingue, cela me faisait trois chargeurs de huit balles. Je désenclenchais la sécurité et l'armais. J'attendis quelques minutes quand j'entendis un crissement. Je me retournais vivement et pointais l'arme vers le bruit. Qu'il vienne, moi je l'attendais !

Wake to see - your true emancipation is a fantasy.
All the seas have risen up and overcome the brave.
Greatness dies, unsung and lost, invisible to history.
Embedded spies brainwashing our children to be mean.
You don't have long,
I am on to you
The time, it has come to destroy...
Your supremacy

Dorian avait eût journée bien remplie. Il leva les yeux vers le plafond en soufflant de la fumée de cigarette. Il avait maltraité cette jeune Cross qui ne veut pas reconnaître son statut de sorcier noir. Quelle tristesse, avoir le statut de Cross et ne pas vouloir le reconnaître. Il posa les pieds sur le bureau de la directrice ou plutôt de l'ancienne directrice du Mystery, Pandora, qui croupissait maintenant non loin d'ici, bien attaché. Le chef de Croix avait réussit son coup et il était bien content. Maintenant, il avait posé son empreinte dans l'histoire de Croix et des Cross. Tout le monde parlerait de lui dans 10 ans encore. Il avait effacé Natasha des tablettes.

Soudain une vibration dans sa poche. Il posa ses pieds sur le sol et extirpa son portable de son pantalon. Il tourna le portable et composa son code. Lorsqu'il vit le nom de l'émettrice, son pouls s'accéléra très rapidement et il en laissa sa cigarette tomber sur le sol. Il avait pensé à Natasha et c'était sa descendante qui venait lui rappeler qu'il restait une trace de Natasha sur cette planète. Il eût un sourire en voyant le message de la jeune femme. Un sourire de vengeance, un sourire d'envie de meurtre. Il allait effacer tout ce qui restait de l'ancienne chef de Cross. Luka Era Grey venait de lui donner sa position. Il écrasa sa cigarette tombé au sol et se leva.

Il s'équipa d'un gilet pare-balles qu'il mit au dessus de sa chemise d'un blanc nacré puis se vêtit d'un pantalon où il pourrait faire des gestes amples sans être gênés. Il mis une ceinture à laquelle il attacha un poignard et un Colt Delta Elite. Il sortit le Colt et vérifia une dernière fois qu'il était chargé. Cette petite allait saigner et bientôt la lune se refléterait dans la flaque de sang autour de son corps. Mais avant, il voulait s'amuser avec son corps. Il voulait exprimer toute la frustration qu'il avait eût pendant tout ce temps où il ne l'avait pas trouvé. Il sortit et en chemin, il croisa Louyse.

- Je reviens. Je vais.. faire un tour. Surveille bien le Mystery pendant mon absence. C'est important.

Il ne savait pas vraiment pourquoi il cachait la vérité mais il voulait que Luka soit son affaire à lui. Il ne voulait pas d'aide de quiconque. Il voulait la gloire d'avoir abattu quelqu'un qui se dérobe de ses mains depuis trop longtemps maintenant. Il marchait précipitamment. Elle lui avait donné rendez-vous aux ruines mais pendant la marche Dorian se demanda pourquoi elle faisait-ça. Qu'espérait-elle ? L'abattre ? Cette petite avait perdu depuis trop longtemps le sens des réalités. Depuis que Natasha avait commencé à lui faire croire qu'elle pourrait être accepter parmi les Cross alors qu'elle n'était qu'une mêlée. La vengeance s'insinuait en lui.

Il arriva enfin, il n'était plus qu'à quelques mètres des ruines. Il sortit son arme et le pointa, au cas où. Ce n'était peut-être qu'un piège après tout. Mais si Orphéo faisait le moindre geste contre Dorian, c'est tout Little Angleton et le Mystery qui mourrait. Non, le chef de Croix pensait bien que la jeune fille était seule et qu'elle agissait sur un coup de tête. Il avança et jeta une pierre au loin. Pendant que la pierre tombait, il s'avança discrètement mais rapidement et vit Luka. Cette traînée était bel et bien là. Elle se retourna vers le bruit que la pierre emetta lorsqu'elle atteint le sol. Il s'approcha à quelques centimètres de la jeune femme et pointa son arme sur la nuque de Luka.

- Un geste et tu crèves. Que cherches-tu ?

Luka & Dorian
« On se rend compte
de ce que l'on peut perdre
et de ce qu'on a perdu
qu'en situation de crise. ».

Le bruit m'a induite en erreur. Il est là, derrière moi, un flingue près de ma nuque. Je ne bouge pas d'un poil. Je me force à respirer lentement pour ne pas paniquer. Le gilet pare balle ne me servira à rien. Sa voix glaciale s'élève dans les airs :

- Un geste et tu crèves. Que cherches-tu ?

Rechercher un peu de sentiments dans cet être froid n'a rien de bien sorcier : il est brûlant de haine. Alors je laisse mon coeur s'ouvrir au sien et je me nourris de ses émotions. Gouverné par l'ambition et la colère, cet homme pointe une arme sur ma nuque avec un calme professionnel, sans faille et une habitude affligeante. Un sourire étire mes lèvres. C'est un sourire triste. Je ne sais plus ce que je viens faire ici, c'était comme une sorte de conviction qui m'a maintenant abandonnée. Je ne sais pas ce que je cherchais, sans doute une forme de fin ?

- Je ne sais pas. Cela semblait une bonne idée il y a quelques minutes, maintenant je ne sais pas. Je n'ai même plus envie de te tuer. Je crois que j'ai pitié de toi, Dorian.

Oui maintenant ça ne semble plus une si bonne idée que ça. J'ai agis sur un coup de tête et je ne sais vraiment pas quoi faire. La peur me colle à la peau et c'est difficile de ne pas le laisser paraître. Je m'emmêle les pinceaux dans mes pensées. Mon bras commence à devenir lourd : il n'a pas bougé, il tient le desert eagles droit devant lui, fièrement. Dorian l'a dit, un seul geste... Je suis absolument convaincu que ce n'est pas du bluff. Par contre ce que je sais c'est qu'il n'a pas envie de tirer, pas maintenant. C'est une envie malsaine qui parcours son corps, une envie de violence et de sang, une envie d'humiliation et de coup. Je l'ai trop tourné en ridicule à m'enfuir avec Maël, sous ses yeux alors qu'il venait de tuer maman...

- Maintenant je le sais, maman, tu l'aimais bien. Le problème, c'est qu'elle t'a déçu et je suis le fruit de cette déception. Pire, un Grey et une Cross ! Je suis le fruit de la honte. Normalement tu devrais purement et simplement m'éradiquer mais voilà ton problème : tu es incapable d'indifférence. Tu me hais et par là tu aimes un peu. J'ai moi aussi ce problème : tu es de ma famille, malgré tout ce que l'on pourra en dire.

Oui nous sommes de la même famille. Je ne peux pas renier mon côté Cross. Il est ancré en moi. Dorian et maman, c'était comme Dorian et Gaël, pas une histoire d'amour bien sûr, mais une vraie histoire de famille. S'ils ne s'entendaient pas toujours et se tapaient souvent dessus, ils tenaient aux uns et aux autres. Chez les Cross, c'est important le sang. Mais voilà, maman a fauté. Plutôt deux fois qu'une. Maël a la chance d'être sorcier. Moi je suis une mêlée. Certes mon père en était un aussi alors je suis plus sorcière qu'humaine, mais tout de même, ce n'est pas acceptable.

- Alors, on en est où ? Tu n'as nulle envie de me tuer tout de suite et je ne peux rien faire.

Je me raidis et j'attend. Je n'ai pas esquissé le moindre geste, ce serait bien imprudent. Si je savais, je pourrais me téléporter. Si je savais... Je suis nulle dans cette matière. L'idée de me transformer en panthère m'effleura mais le temps que cela prendrait et il aurait tout celui qu'il désirait pour me coller une balle entre les deux yeux.

Perdre le contrôle
Accélérer la cadence
Déformé et ensorcelé
Intention effacée
Quoi qu'ils disent
Ces gens sont déchirés
Sauvages et perdus
Un assassin est né

Luka ne bougeait pas. Apparemment elle avait bien compris que le chef de Cross ne rigolait pas, il l'abattrait au moindre mouvement de sa part, quitte à enflammer la guerre. Il ne la tuait pas pour l'instant parce qu'il désirait que son agonie soit longue, il aimerait l'entendre crier encore et encore, lui faire ressentir toute la frustration que Dorian avait emmagasiné pendant le temps où elle s'était comporté comme une petite princesse dans le manoir où elle était protégé par sa mère. Elle n'était qu'une mêlé, une anomalie de la nature. Elle ne méritait rien de plus que la mort. L'homme l'aurait traité d'une quelconque manière si elle ne souillait pas le nom Cross à chaque bouffée d'oxygène qu'elle prenait.

- Je ne sais pas. Cela semblait une bonne idée il y a quelques minutes, maintenant je ne sais pas. Je n'ai même plus envie de te tuer. Je crois que j'ai pitié de toi, Dorian.

Dorian en aurait presque abaissé son arme. Il avait envie de lui décocher un coup de crosse de pistolet dans les reins. Elle osait lui parler comme ça alors que c'est lui qui avait pitié d'elle en lui laissant la vie sauve encore quelques instants. Cependant, sa remarque était très instructive pour Dorian et de deux manières : elle essayait de le déstabiliser car elle avait peur et elle avait aussi mûri, se montrant plus sûre d'elle. Le chef de Croix ne relâcha pas le canon de son arme sur la nuque de la jeune femme. Cette fois, elle ne s'échapperait pas. Il garda le silence face à Luka.

- Maintenant je le sais, maman, tu l'aimais bien. Le problème, c'est qu'elle t'a déçu et je suis le fruit de cette déception. Pire, un Grey et une Cross ! Je suis le fruit de la honte. Normalement tu devrais purement et simplement m'éradiquer mais voilà ton problème : tu es incapable d'indifférence. Tu me hais et par là tu aimes un peu. J'ai moi aussi ce problème : tu es de ma famille, malgré tout ce que l'on pourra en dire.

Elle n'avait pas totalement tort et Dorian était bel et bien conscient qu'elle avait sacrément évolué. Elle n'était plus cette petite sotte avec ses rêves débiles. Elle avait compris les enjeux. Néanmoins, il n'était pas totalement idiot et il savait qu'elle tentait le tout pour le tout en essayant de l'amadouer. Ca marchait presque. C'était vraiment, l'homme de Croix n'était pas capable de ressentir l'indifférence à propos de quelqu'un. Il fallait toujours qu'il se forge un avis sur la personne.

Que ressentait-il vraiment pour Luka ? De la haine, pure et simple et non de l'amour comme elle essayait de le sous-entendre. Il n'avait jamais éprouvé le moindre amour pour elle. Il avait eût du respect pour l'ancienne cheffe de Cross, Natasha, quand elle était au sommet de son art. De part son éloquence et sa façon d'être. Elle avait tout perdu dans le coeur de Dorian le jour où il a appris que ses proies sexuelles préférées étaient des humains et qu'elle avait même oser en amener dans le manoir.

Là encore, face à Luka, il garda le silence.

- Alors, on en est où ? Tu n'as nulle envie de me tuer tout de suite et je ne peux rien faire.

Elle marquait encore une fois un point. Dorian abaissa son arme et donna un grand coup de pied dans le dos de Luka et la vit s'effondrer face contre sol. Il eût un sourire. Elle avait peut-être cru l'espace d'un instant qu'elle réussirait à le duper. Malheureusement, il avait été entrainé pour ça aussi. Il savait analyser une situation et comme il le disait toujours, il possédait des coups d'avances.

Lui était là, regardant Luka des ses yeux azurs avec un pistolet pointé sur elle. Il avait tout une armée derrière lui et il lui suffisait d'un coup de fil pour ramener 10 hommes de Croix. Elle n'avait rien, le regard contre le sol. Tout le monde l'avait laissé et personne ne viendrait la sauver en ce jour funeste. Son corps ne serait retrouvé que dans plusieurs semaines car Dorian ne se vanterait pas de l'avoir tuer. Malgré le fait qu'il la détestait, il avait une dernière forme de respect pour Natasha et il n'exposerait pas son corps en vitrine dans le Mystery.

- Voilà où on en est, Luka. Moi, au sommet de mon art et toi, minablement au sommet aussi. Nous allons régler de vieux comptes. Tu te souviens de ce que tu as fais avant de quitter le manoir précipitamment ?

Il garda son pistolet pointé sur la jeune femme. Il lui permettrait quelques mouvements tout en gardant une marge de sécurité. C'est lui qui menait l'interrogatoire.

Luka & Dorian
« On se rend compte
de ce que l'on peut perdre
et de ce qu'on a perdu
qu'en situation de crise. ».

Il n'aimait pas ce que je disais, je le sentais dans son coeur, mais loin de m'offrir une échappatoire, cela semblait au contraire montrer plus la haine qu'il pouvait avoir envers moi. Les gens ne comprennent pas la haine, elle leur échappe. Aussi quand j'avais parlé d'amour, Dorian avait été contrarié et avait tout de suite réfuté cela. Il n'avait pas compris. L'amour et la haine vont de pair, ce sont deux des plus violents des sentiments avec leur contraire, l'indifférence. Si on hait quelqu'un, c'est parce qu'on lui reproche quelque chose de si puissant qu'on ne veut plus le voir. Ainsi il n'est pas comme nous voudrions qu'il soit, lorsqu'on l'idéalise, par amour. C'était un raisonnement un peu compliqué que j'avais mis du temps à comprendre. Mais totalement dénué d'empathie, que ce soit en don ou même en tant qu'être, Dorian n'était pas prêt de le comprendre ça.

Son pied s'abattit sur mon dos, entre mes omoplates et la souffrance déferla dans mon corps avant même qu'il ne heurte le sol. Je lâchais un gémissement et mes paumes de mains s'égratignèrent en essayant de minimiser la chute. Mon desert eagles vola loin. J'ai imaginer un temps le conserver en tombant pour me retourner rapidement et le pointer à son tour, mais qu'est-ce que cela aurait changé ? Pire, le temps que je me dise cela, je savais qu'il avait pu l'envisager et son doigt était trop prêt de la détente pour que je puisse risquer quelque chose. La douleur dans le dos était largement supportable aussi je me retournais pour lui faire face. Le fourreau de mon sabre me gênai pour ce déplacement.

Il était tel qu'il avait toujours été : froid d'apparence. Son regard bleu glacé comme une étendue de neige déserte me mit aussitôt mal à l'aise. Dorian avait non seulement la stature mais aussi la prestance d'un chef de Croix et toutes ces choses m'imposaient une forte impression. Je me souvins des combats que nous avions mené, ensembles, l'un contre l'autre, dans le seul but de m'entraîner. Dorian était un professeur implacable et très doué. Lui s'en fichait s'en doute, mais j'avais pu apercevoir de minces sourires de temps à autre, qui disparaissaient aussi vite qu'ils étaient venu si bien que je pensais parfois les avoir inventés. Le chef de Croix se pensait totalement contre moi mais la haine à de ça de beau c'est qu'on est tout de même attiré par l'objet de notre haine, d'une manière ou d'une autre. Souvent c'est assez violent et malsain.

- Voilà où on en est, Luka. Moi, au sommet de mon art et toi, minablement au sommet aussi. Nous allons régler de vieux comptes. Tu te souviens de ce que tu as fais avant de quitter le manoir précipitamment ?

Je fermai les yeux un très court instant et revécu en avance rapide ce jour là. La mort, le sang, la douleur, l'horreur. Faut-il que les choses soient toujours ainsi ? Je regardais le sorcier noir avec un calme qui me parut moi même affolant. Comment pouvais-je être aussi tranquille ? Je n'avais pas de réponse à ça.

- Tu as enfoncé un poignard dans la ventre de maman, remontant jusqu'à la garde. Je t'ai alors frapper au ventre avec un coup de pied qui t'a mis à terre. Tu ne pouvais rien faire, maman t'avais mis dans un sale état. J'aurais pu te tuer. Mais je ne l'ai pas fait, je me suis enfuis avec Maël, un peu d'argent volé et une voiture de sport...

Simple résumé des faits. Pourquoi me demande-t-il cela ? Il le sait aussi bien que moi non ? Je le sentais sur le point d'exploser. Mais c'était ça le problème avec Dorian, il avait toujours l'air sur le point d'exploser.

Autour de moi les fous font la conversation
Les données du système moi, je n'y comprends rien
A la table des rois on a jeté les dés
Les peuples sous la croix et les femmes au combat
Demain nous verrons bien toujours pire je suppose
Au plus bas du tréfonds de la nature humaine
Naufragés dans la nuit direction la sortie
Nous tentons l'évasion comme on peut au milieu
Des mangas à la con, des crétins animés
L'infantilisation au service des pouvoirs
Au gré des élections c'est la prostitution

Elle le regardait d'un air toujours aussi calme. Dorian n'était pas inquiet. Il savait qu'elle était consciente qu'elle allait regardé la mort en face. Sans un cillement, elle allait se laisser prendre doucement vers le long tunnel blanc qui la mènerait bien autre part. Aucune trace de tension sur son visage, elle se maîtrisait ou alors elle savait qu'elle ne pouvait de toute façon rien faire alors cela ne servait à rien de se débattre. Le chef de Croix sentait la haine qui le consumait, il avait envie d'en finir mais il avait des questions à poser à la jeune femme.

- Tu as enfoncé un poignard dans la ventre de maman, remontant jusqu'à la garde. Je t'ai alors frapper au ventre avec un coup de pied qui t'a mis à terre. Tu ne pouvais rien faire, maman t'avais mis dans un sale état. J'aurais pu te tuer. Mais je ne l'ai pas fait, je me suis enfuis avec Maël, un peu d'argent volé et une voiture de sport...

Elle avait parfaitement résumé la situation, comme si elle se souvenait de cet évenement comme quelque chose d'important. Dorian se demanda ce qu'elle avait ressentit à ce moment là, ce qui lui était passé par la tête mais là n'était pas la véritable question de l'homme de Croix. Il souhaitait savoir pourquoi ce jour là, elle avait décidé de l'épargner. Il s'était toujours dis qu'elle manquait de cran mais Dorian pouvait lire à cet instant dans ses yeux qu'elle pourrait le tuer si elle en avait l'occasion. Pourquoi maintenant ? Et pas avant.

- Mais tu ne l'as pas fait, répéta Dorian d'un ton calme.

Oui, elle ne l'avait pas fait. Tout aurait changé à partir de ce moment là. Il ne serait plus chef, qui le serait devenu ? Dean ? C'était un couard qui ne reviendrait probablement jamais. Le chef de Croix avait bien compris que la disparition simultanée de Dean, Liala et Mathias n'était pas une coïncidence. Il ne restait plus que Sebastian et Dylan. Louyse ne pouvait pas prendre sa place, c'était une femme. Elle n'avait pas la trempe de Natasha. Dorian s'approcha et s'agenouilla à côté de la jeune femme tout en gardant son arme sur elle.

- Dis moi où est Maël. Et je te laisse la vie sauve.

Le sang du chef de Croix n'augmenta ni ne baissa d'intensité. Pourtant il était excité par la demande qu'il venait de faire. Si elle était assez sotte pour lui donner la position de Maël cela serait parfait. Croire qu'il n'allait pas la tuer était une erreur mais Luka n'avait jamais été forte dans les positions qu'elle prenait vis-à-vis des gens. Il espérait que cela pouvait fonctionner une ultime fois car malgré tout Maël était un Cross, un sorcier pur et il espérait en faire quelque chose. Autant tirer des informations de la jeune femme s'il pouvait le faire.

Luka & Dorian
« On se rend compte
de ce que l'on peut perdre
et de ce qu'on a perdu
qu'en situation de crise. ».

- Mais tu ne l'as pas fait

Je le regardais, tentant de comprendre ce à quoi il pensait. Je ne pouvais pas tenter de lire dans ses pensées tout d'abord parce que je n'étais pas très douée à cela, mais aussi parce qu'il risquerait du coup de le sentir et alors ce serait mal jouer. Echec et mat. Le connaissant un petit peu, il avait dû penser que j'étais trop lâche pour l'achever ou que je n'étais pas assez forte mais il n'était rien de tout ça. Peut être en prendrait-il conscience. Il voyait le fait d'épargner quelqu'un comme une grande mansuétude ou bien une preuve de lâcheté mais pour ma part ce n'était pas cela. Le plus grand courage ce n'est pas de savoir quand prendre une vie mais quand en épargner une. Alors pourquoi l'avais-je épargné ? Pas par courage cette fois ci, pas par lâcheté non plus.

- Non, c'est vrai.

Quoiqu'en avait penser maman en me demandant de fuir, j'en aurais eu le temps. Plonger une lame dans un coeur ne prend pas une éternité. Alors que c'était-il passé pour que je ne le fasse pas ? De la pitié ? Sans doute un peu. Je ne frappe pas les gens déjà à terre. Mais cela aurait sauvé beaucoup de personne alors rien n'expliquait réellement mon geste. Je crois que c'était malgré moi une forme d'envie : l'envie que l'histoire continue. J'avais encore besoin de Dorian, du moins je le croyais. Était-ce la réalité ? Pas vraiment. Mais à ce moment là, dans ma tête, tout se bousculait et je devais sauver Maël. Je pense tout simplement que ce n'était pas pour lui le moment de mourir, comme une sorte de destin. Je crois que nous avons tous un rôle à jouer. Le sien n'était peut être pas fini. J'espérais que le mien ne l'était pas en tout cas. Et pourtant je gardais mon calme.

- Dis moi où est Maël. Et je te laisse la vie sauve.

J'éclatais de rire. Où est Maël ? Il ne croyait pas sincèrement que j'allais lui répondre pour sauver ma vie ? Si ? Non, Dorian était un homme intelligent et rien ne me disait d'ailleurs que ma vie serait effectivement sauve. Néanmoins j'allais lui répondre le plus sincèrement du monde.

- Quelle parole est celle celui qui tient l'arme ? Je n'ai strictement aucune idée où il se trouve, il est avec son père. Je n'ai pas pris le risque de le savoir.

J'éclatais à nouveau de rire. Je me payais ouvertement sa tête. Après tout, il était ridicule de sa part de proposer de telles choses, allais-je vraiment le croire ? Je me calmais doucement car la tête qu'il faisait n'avait rien de très engageant et puis il tenait tout de même un flingue braqué sur ma tête. Ce n'était pas très sage tout ça. Je respirais doucement pour continuer à garder mon calme.

- Je t'ai connu plus intelligent.

Luka ! On avait dit d'arrête de se foutre de sa gueule. Bon, je dois avouer que c'était plus fort que moi.

Tu ignores le vide devant toi
Les vertiges et la peur
Tu connais pas
Perdue dans les soirées
Seule au milieu des loups
Tu t'enfonces
Au bord des précépices
Tu cherches les réponses
Aux abîmes de feu
De la cime tes yeux
A mon âme s'unissent

Elle se mit à éclater de rire et Dorian compris qu'elle ne lui dirait jamais. Sa mâchoire se resserra et son regard se fit plus dur. Il n'aimait pas son rire. Ne comprenait-elle pas qu'elle risquait de mourir à tout moment ? Ne comprenait-elle pas que sa vie ne tenait qu'à une pression d'un doigt. C'est le problème de Luka, elle n'a jamais sût mesurer les dangers qui l'entouraient. Elle ne fait preuve d'aucun réalisme, d'aucun pragmatisme. Tout le contraire du chef de Croix qui répondit par un sourire forcé. Cela ne lui plaisait pas.

- Quelle parole est celle celui qui tient l'arme ? Je n'ai strictement aucune idée où il se trouve, il est avec son père. Je n'ai pas pris le risque de le savoir.

Elle éclata de nouveau de rire et Dorian faillit presser la détente mais il se retint. La tension malgré ses rires ne se faisait que plus pressante. Cependant, il lui avait été enseigné de garder son sang-froid en toute circonstance et pour l'instant il ne faisait qu'appliquer. Mais la mêlée l'énervait de plus en plus. La façon hautaine dont elle le regardait ne lui plaisait pas. Le chef de Croix n'était qu'à un doigt d'en finir avec elle mais elle avait l'air de se calmer. Dorian cependant avait le sang très chaud et une veine avait gonflé sur son front. Il bouillait intérieurement.

- Je t'ai connu plus intelligent.

Dorian eût un sourire de requin, prêt à dévorer sa proie. Il abaissa son arme lentement et se mit à rire doucement. Un rire de plus en plus fort. Elle était là, en train de connaître ses dernières heures et elle lui tenait encore tête. Aucun doute, elle tenait de sa mère là dessus. Les Grey étaient des lâches mais les Cross étaient fiers et ne s'avouaient jamais vaincus. Malgré que le fait qu'elle était une mêlée, elle avait du sang Cross qui lui permettait de garder cette fierté. Seulement, il y a des moments où il fallait savoir se taire. Sinon on s'expose à des grands dangers. Il regarda la jeune femme d'un air faussement attendri. Il l'avait vu grandir, il la verrait mourir.

Il repensa à tout ses instants avec sa mère et elle. Il se revoyait s'entraînait avec elle, essayer de lui enseigner quelques mouvements astucieux, lui apprenant des stratégies de combat. Il la voyait jeune, transpirante et essoufflée, regarder Dorian et se plaindre qu'il était vraiment fort et qu'elle n'arriverait jamais à le battre. Le chef de Croix lui répondant que tout s'acquiert avec l'expérience. Elle n'aurait jamais cette expérience car sa vie allait s'arrêter maintenant. Il avait attendu ce moment depuis longtemps mais cela lui semblait dur de le faire.

Dorian ne fais certes pas de sentiments pour les gens qu'il ne connait pas mais là il avait vécu avec Luka. Il l'avait detesté, traqué et avait remué ciel et terre pour la retrouver mais maintenant il était, là, avec l'arme. Le canon sur elle, prêt à tirer. Puis il repensa à tout ces moments où il avait pensé qu'une mêlé dans le manoir Cross était une honte, lorsqu'elle l'avait frappé avant de quitter le manoir précipitamment.

Il serra plus fort son pistolet.

Et tira.

Luka & Dorian
« On se rend compte
de ce que l'on peut perdre
et de ce qu'on a perdu
qu'en situation de crise. ».

Qu'est-ce qui m'avait pris de répondre ainsi et de me foutre de sa gueule ? Il n'aurait pas tiré. Je n'en serais pas là. Le sang fait une tâche ronde sur mon t-shirt et la tâche grandit, grandit. La douleur aussi. J'ai froid. Je hoquette un peu. J'ai froid. Le sang se répand. Mon coeur hurle. En respirant avec difficulté je me rend compte qu'une ou deux de mes côtes sont cassées. Je suffoque. Merde ! Mes yeux le regardent avec un air ahuris, abrutis. Je savais qu'il allait tirer mais je n'imaginais pas tout de suite. Bordel de merde ! Ça fait foutrement mal. Du sang coule le long de mon menton. Je pensais pas que ça faisait aussi mal. J'ai failli tourné de l'oeil. Mais bordel ça aurait été plus confortable ! Non, il faut que je souffre. Dos au sol car le coup puissant m'a mis à terre, je tente vainement de reprendre ma respiration. Le râle qui s'échappe de mes lèvres me semble insupportable.

Mon coeur lâche.

Je frappe brutalement dessus avec l'énergie du désespoir. A quoi ça sert de toutes façons ? J'ai mal. Je commence à voir trouble. Un hoquet me prend. Mon coeur repart, mais le sang est là. Je ne sais pas quoi faire et lui me regarde de haut, me tortiller à ses pieds. Je crache, je suffoque et je souffre. La balle a explosée au contact de mon gilet pare balle. A une si petite distance, la puissance du tire à briser une ou deux de mes côtes flottantes. L'acier de la balle s'est éclaté et un morceau à déchiré ma peau au niveau de mon épaule ainsi que sur ma joue : le sang a coulé. Le choc m'a mis au bord de l'évanouissement et a vidé tout l'air de mes poumons. Progressivement, je reviens à la vie. Quand mon coeur s'est arrêté, j'ai cru qu'il m'avait tuée.

- Bordel...

Ma respiration revient doucement mais chaque entrée et sortie d'air me fait mal. Je me relève doucement en bougeant un peu mon corps : il fonctionne mais putain qu'est-ce qu'il me fait mal ! Je serre les dents si fort pour ne pas gémir que j'agrippe un bout de chair et je m'ouvre à l'intérieur de la bouche. Le goût ferreux du sang se répand sur ma langue. Ce que Dorian n'a pas vu, c'est que mon flingue, je l'a ramassé. Le coup m'a projetée là où il était, je l'ai glissé dans ma poche arrière, discrètement. Je l'attrape, je le sors, le pointe sur le sorcier noir et sans une hésitation tire. J'ai vu qu'il avait un gilet pare balle lui aussi, on est jamais trop prudent. Mais si ça pouvait lui faire mal ce serait bien. Par contre il est beaucoup plus loin que je ne l'étais donc il n'aura pas de côtes cassées, malheureusement. Je continue de le braquer.

- Chacun son tour !

Je souris, le sang coule toujours le long de mon menton. Bordel faudrait que je fasse plus attention tout de même.

Le coup retentit. Pan. Le chef de Croix a finit par avoir ce qu'il voulait. La mort de Luka allait certes provoquer des émoluments dans le monde magique mais il s'en fichait bien. Ce n'était plus une histoire de stratégie de guerre. C'était une histoire d’honneur. Dorian était intransigeant sur le fait que la jeune fille avait souillé le nom Cross et qu'elle ne méritait pas d'avoir du sang de la noble famille dans ses veines. C'était comme une honte, quelque chose d'interdit. Elle ne serait plus jamais un problème désormais. Tout le monde allait glorifier Dorian car il paraîtrait toujours plus autoritaire, toujours aussi soucieux de la nature de son sang. Il se félicitait intérieurement.

La jeune femme le regardait d'un air ahuri tandis qu'une tâche s'étalait sur son t-shirt. Une large tâche rouge. Sa respiration se fit de plus en plus courte et sifflante. Elle était en train de mourir lentement et Dorian relâcha la pression qu'exerçait sa main sur son arme. Du sang coulait sur son menton. Elle n'avait pas l'air de comprendre ce qui arrivait et le chef de Croix ne réalisait également pas ce qu'il avait fait. C'était un meurtre bien sûr. Il avait tué des centaines de personnes dans sa vie mais tuer quelqu'un comme elle, c'était spécial. Le vent fouetta son visage mais il n'y prêta même pas attention, regardant Luka agoniser. Il eût un sourire froid, comme pour se mettre une barrière entre le décès de Luka et sa propre méchanceté.

- Bordel...

Dorian se rendit alors compte qu'elle n'était pas en train de mourir. Il l'avait seulement amoché et pas tuer. Il avait raté son coup, il n'avait pas pris en compte qu'elle portait un gilet pare-balles. Une erreur car il s'était laissé dépassé par sa pensée et qu'il n'avait pas fait attention à ce qu'il faisait. Il se rendit compte que son arme était tombé au sol. Il avait été comme hypnotisé pendant un instant au moment où il avait tué la jeune fille. Pourquoi ne pouvait-il pas exprimer que de la froideur face à Luka alors qu'il la détestait autant. C'était improbable, il ne comprenait pas ce qu'il se passait.

Quoi qu'il arrive elle était blessé et ça serait bien plus facile de la tuer maintenant. Le chef de Croix arrêta de sourire : sa respiration commençait à retrouver un rythme normal. La tension refit surface en lui. Il allait devoir encore se battre un peu. Il n'avait pas du tout remporté la bataille. Il leva les yeux et comme dans un film au ralenti aperçut que Luka avait braqué son arme sur lui. Un sentiment d'inquiétude passa sur son visage et il entendit la détonation.

- Chacun son tour !

Il se retrouva projeté en arrière avec une sacré douleur dans le ventre. Elle ne l'avait pas loupé mais heureusement pour lui, elle avait été poussée plus loin lorsque Dorian lui avait tiré dessus. Il y avait donc une distance raisonnable entre les deux personnes lorsqu'elle avait tiré et le choc avait été amorti par la distance que la balle avait parcouru. Cependant, il avait tout de même reçu un choc et il se tint le ventre un instant. Dorian était un combattant, son corps était entraîné mais personne n'est jamais vraiment entraîné pour résister à l'impact d'une balle.

Il se ressaisit et sauta sur Luka et dégagea d'un violent coup de poing l'arme qui se trouvait dans sa main. Il n'avait pas besoin d'arme à feu pour la tuer, il allait l'assassiner à la main. Un sourire machiavélique passa sur son visage. Il mit un pied sur le buste de la jeune fille qui avait apparemment beaucoup plus souffert de l'impact de la balle que lui. Elle avait probablement quelques côtes cassée pour que sa respiration reste légèrement sifflante. Il avait l'avantage et il ne se permettrait pas de le perdre une nouvelle fois.

- On a chacun eu notre chance une fois. J'ai de nouveau ma chance, penses-tu que tu auras le temps d'avoir ta chance une nouvelle fois ?

Luka & Dorian
« On se rend compte
de ce que l'on peut perdre
et de ce qu'on a perdu
qu'en situation de crise. ».

La douleur se lisait dans ses yeux au moins autant que l'on devait pouvoir lire la mienne. La souffrance qui s'étalait sur son visage n'était rien mais elle me satisfit. Dorian avait été touché, au bas ventre. Pas de sang, seulement de la souffrance. Je fis un barrage violent à mon don pour qu'il ne m'apporte pas la douleur de Dorian, je n'en avais pas besoin, j'avais déjà la mienne. Cependant en faisant cela je me fermais à son coeur et je ne pouvais donc pas profiter des avantages que cela apportait. Il serra rapidement les dents. Je n'avais pas eu le temps de me remettre moi même du coup porté. Rageant et voyant que je ne pouvais éviter son attaque frontale, je fis tout pour la canaliser.

Je le laissais virer mon arme qui s'en alla bien trop loin pour que j'ai un quelconque espoir de la reprendre pendant le combat. Serrant les dents quand à la douleur de mon poignet, j'encaissais son coup de pied qui me mis à terre et m'y plaqua. La respiration sifflante, j'essayais comme vainement de reprendre mon souffle. L'air triomphant du sorcier noir ne me disait rien qui vaille mais il n'était pas très prudent. Il croyait déjà avoir gagné. Certes le chef de Croix était puissant, fort, entraîné, c'était un Cross sans merci et une personne brutale qui restait intelligente et calme quand il le fallait, mais il avait un ego surdimensionné, comme tous les Cross.

- On a chacun eu notre chance une fois. J'ai de nouveau ma chance, penses-tu que tu auras le temps d'avoir ta chance une nouvelle fois ?

Je souris légèrement. Mon torse s'agita et je toussai, crachant un peu de sang. Oui, Dorian avait définitivement trop confiance en lui, il fallait que je change ça !

- A toi de me le dire !

J'attrapais un poignard à ma cuisse et pratiquai une coupure légère prêt de sa cheville. Son pied mit moins de poids et je pu me dégager assez pour agripper la poche de son pantalon de la main droite. D'une impulsion rapide j'attrapai la ceinture de la main gauche et montait ma jambe en coup de pied jusqu'à son menton. Je l'entendis avec plaisir grogner. Avant qu'il puisse se relever je lui donnais un coup de genou dans le ventre. Toujours mon poignard à la main, je lui entaillai la joue superficiellement. Enfin, d'un coup de pied je l'éloignais de moi. Tout mon corps me faisait souffrir, mais pendant les quelques secondes qu'avaient duré l'attaque, c'était comme si la douleur s'était tue. Elle revenait par vague violente maintenant et je savais qu'il fallait abréger le combat. Je couru vers lui, poignard à la main. Je collai la lame contre sa gorge.

- La différence, Dorian, c'est que je n'ai pas voulu te tuer, lui crachai-je au visage, la différence c'est que je n'arrive pas à oublier que tu es dans ma famille. Je devrais te tuer maintenant, je devrais.

La lame entailla quelque peu la gorge. La coupure faite à la joue lui rappellerait ce combat. Je serrais le manche du poignard. Le tuerais-je ? Au moment où je décidais qu'il serait peut être mieux, je fus cueillis au ventre par un puissant coup de pied. Le chef de Croix se releva et je décidais de filer sans demander mon reste. Mourir n'était pas au programme, il faut croire que tuer non plus. Nous avions chacun nos chances et nous les avons laisser passer. Coup de hasard ou coup du destin peu importe. Avant qu'il ne se remette totalement j'attrape mon sac et m'enfui en courant, non sans avoir laisser une grenade qui ne devrait pas l'endommager s'il court vers le côté opposé où je suis partie.

Elle se mit à sourire d'un sourire que n'aimait pas du tout le sorcier noir. A quoi pensait-elle ? Elle pensait qu'elle allait pouvoir s'en sortir encore une fois ? Elle avait eût la chance jusqu'à maintenant mais en le provoquant tout le long de leur entrevue elle n'avait aucune chance. Le fait d'envoyer un sms au chef de Croix était déjà en soi une provocation. Elle toussait et crachait du sang. La pauvre petite, Natasha lui avait inculqué de bien mauvaises valeurs. Des valeurs d'optimisme et d'arrogance. Pour quelqu'un de son espèce, elle aurait plutôt du lui apprendre la soumission et le pessimisme car pour les mêlés rien n'est moins noir que la vie au côté d'un Cross.

- A toi de me le dire !

A ce moment là, elle se pencha et attrapa un poignard à sa cuisse et fit une légère entaille à la cheville du sorcier. Il avait manquer de prudence en faisant preuve d'un peu trop d'arrogance mais ce n'était pas grave, la situation n'était largement pas perdue, il pouvait encore s'en sortir. Par réflexe, son pied se leva légèrement à cause de la douleur. Erreur fatale que Luka saisit comme d'une opportunité inestimable : elle attrapa sa ceinture d'une main et se propulsa en l'air en mettant un gros coup de pied dans la tronche du pauvre Dorian.

Il grogna de douleur, elle avait tapé fort mais son corps était entraîné. Cela ne l'empêchait pas de ressentir de la douleur face à ce coup de maître. Dorian l'avait un peu sous-estimé pour le coup et elle s'en était très bien sorti, il fallait l'admettre. Tandis qu'il tentait de reprendre ses esprits, il vit juste arriver le poignard en plein dans son visage et il bougea légèrement sa tête. Cela n'empêcha pas de se faire entailler le visage. Il recula de quelque pas lorsqu'elle lui mit un coup de pied dans le vente et cracha un peu de sang par terre. Elle avait joué aussi bien qu'un Cross pour le coup. Même si ce n'était qu'une sale mêlée. Dorian avait du mal à refaire surface et il se retrouva l'instant d'après avec une lame sous la gorge.

- La différence, Dorian, c'est que je n'ai pas voulu te tuer, lui crachai-je au visage, la différence c'est que je n'arrive pas à oublier que tu es dans ma famille. Je devrais te tuer maintenant, je devrais.

Comme si elle en était capable, cette faible de mêlée. Dorian releva légèrement la tête pour fixer son regard sur Luka et s'entailla légèrement dans le geste qu'il fit. Peu importe. Allez, tue le. Non, elle ne le ferait pas. Elle n'en était pas capable. Comme Dorian, elle avait cet instant d'hésitation. On ne tire pas si facilement sur quelqu'un que l'on a fréquenté régulièrement. Apprécié ou pas. Elle avait relâché sa garde et il lui mit un coup de pied dans le ventre et jaillit sur ses pieds. Le temps qu'il se relève, elle avait pris la fuite. Dorian lui aurait bien couru après mais il était blessé et il était imprudent de la suivre car elle pourrait l'emmener dans un guet-apens. De plus, elle avait jeté une grenade en arrière et Dorian fut forcer de rebrousser chemin. L'échec cuisant, mais elle ne perdais rien pour attendre.